Tous ceux qui s’intéressent à la compétition moto ont forcément déjà entendu parler de Mike "The Bike" Hailwood qui fut probablement le plus grand pilote sur route de notre ère.
Mais qui était vraiment Mike Hailwood ?
Nous nous contenterons ici de relater sa carrière motocycliste, au détriment de sa vie privée. On peut toutefois dire qu’il avait un grand sens de l’humour, un caractère farceur et surtout, une attirance sans bornes pour la vitesse. Quant à ses connaissances de la mécanique soit disant limitées, nous laisserons à chacun le soin de s’en faire une opinion personnelle !
Mike est né en 1940 dans une famille aisée, son père Stan étant un homme d’affaire avisé qui fit fortune dans le marché motocycliste (il fut pilote moto avant la guerre). Pourtant, l’enfance de Mike ne fut pas celle d’un être gâté et tout ce qu’il obtint, il dut le gagner ; bien souvent malgré les désaccords paternels.
Sa première course se déroula à Oulton Park le 22 avril 1957 et il pilotait une MV 125 monocylindre de prêt. Son père pensant que cela intimiderait les adversaires de son fils, insista pour que Mike prenne le volant de sa Rolls Royce. Mais il n’obtint que de l’impopularité auprès de ses pairs.
Cinq jours plus tard, il disputa la course nationale de Castle Comb et se plaça quatrième en 125cc puis cinquième en 250cc, un premier résultat impressionnant de la part d’un jeune homme qui venait de fêter ses 17 ans.
Quatre mois plus tard, à Blanford et devant 40000 spectateurs, Mike remporte la course nationale de 125cc mais plus tard dans l’année, il connaît également son premier accident. Il chuta à Oulton Park, dans la course des 250, alors qu’il était en pleine bagarre avec un autre futur grand nom de la compétition : John Surtess.
Après dix huit courses, il comptait quatre victoires, trois deuxièmes places et trois places de troisième qui lui permirent de décrocher une licence internationale de pilote.
Lorsqu’il eut dix-huit ans, Mike se vit inscrire par son père à son premier Tourist Trophy. Il pilotait alors des Norton 350 et 500cc, une NSU 250 et une Ducati 125 pour cette grande découverte qui à l’époque était inscrite au championnat du monde. (Ce n’est qu’en 1978 que sous l’impulsion d’un mouvement de grogne des pilotes conduit par Kenny Roberts, le T.T. sera évincé du calendrier du championnat du monde.)
A la fin du week-end, Mike Hailwood termine troisième en 250cc derrière les MV Agusta de Provini et Ubbiali, son meilleur résultat pour sa première participation à la course de l’Ile de Man. A cette époque, les pilotes roulaient sur le vieux circuit de Clypse (rien à voir avec la route moderne à travers les collines qu’empruntent les motos aujourd’hui).
Au terme de sa première saison complète, Mike devient champion de Grande Bretagne dans les catégories 125, 250 et 350cc. En championnat du monde, il termine quatrième en 250cc et sixième en 350cc.
Fin 1958, il a déjà gagné soixante quatorze courses avec une pléthore de records du tour… Les journaux spécialisés anglais sont bien entendu aux anges.
En 1959 Mike remporte sa toute première victoire mondiale en Ulster, à Dundrod sur la Ducati 125, pour sa deuxième saison complète. Cette année le verra terminer troisième en catégorie 125cc et cinquième en 250cc. Mais 1959 restera surtout une grande date pour Hailwood qui signe un véritable contrat de pilote d’usine pour Ducati.
En 1961 c’est pourtant sur une Honda qu’il remporte le titre mondial en 250cc et qu’il finit vice champion en 500cc. C’est sur les fameuses MV qu’il vaincra également en 1962,1963,1964 et 1965 en catégorie 500 cc.
Après une année en compagnie de l’autre légende du sport moto, Giacomo Agostini sur la MV, Mike quitte l’écurie pour rejoindre Honda en 1966. Cette année là, ainsi que la suivante, il va être champion du monde en 250cc et 350cc sur la Honda RC-166. Son ancien coéquipier Ago le devancera pourtant de justesse dans la catégorie des 500cc.
En 1967, la bataille fait rage au T.T. entre Hailwood et Agostini dans la catégorie la plus relevée. La Honda de Mike souffre d’un grip inconstant et peu performant mais son adversaire va casser sa chaîne.
Lancé à la poursuite de l’italien, Hailwood va boucler un tour fabuleux à la moyenne de 108 mph, un record qui tiendra longtemps…
A la fin de l’année 67, Mike décide de mettre un frein à sa carrière en championnat du monde. Il a alors remporté douze courses au T.T. On le reverra pourtant encore à Daytona pour les 200 miles sur une BSA en 1971 et 1972 mais la mécanique le contraindra à l’abandon à chaque fois. Mike se rend pourtant bien compte qu’il ne peut pas se passer de la course. Il va alors participer aux 24 heures du Mans auto en 1969 et terminer à la troisième place sur une Ford GT 40. Puis il arrive en Formule 2 en 1972 où il retrouve Surtess et où il remporte le championnat d’Europe, en battant des pilotes de la trempe de Niki Lauda, Emerson Fittipaldi, Jody Schechter, Carlos Reutemann… tous de futurs champions du monde de Formule 1.
Et c’est tout naturellement qu’en 1973, Mike Hailwood arrive dans la catégorie reine de la course auto au volant de la monoplace de Surtess. Mais la voiture n’est pas fiable et il ne marquera aucun point durant toute la saison. On se souviendra pourtant longtemps du GP d’Afrique du Sud où Hailwood percute la voiture à la dérive de Dave Charlon et où Jacky Ickx et Clay Regazzoni ne peuvent éviter un multiple accrochage. La BRM de Regazzoni percute de plein fouet celle de Hailwood en répandant de l’essence enflammée partout autour d’elle. Mike parvient à s’extraire de sa voiture en flammes et court au secours de Regazzoni bloqué dans sa monoplace en feu. Il dégrafe le harnais de Regazzoni, l’aide à sortir et le conduit hors de danger.
A la suite de cet acte de bravoure, la reine Elisabeth décorera Hailwood en lui remettant une médaille de chevalier de l’ordre de l’empire britannique. Pourtant, Mike restera discret et n’en tirera jamais un quelconque mérite puis que même sa propre femme n’apprendra son geste héroïque qu’en lisant les compte rendus des journaux.
En 1974, Mike pilote toujours en Formule 1 et pour le compte de l’écurie McLaren. Mais au Nurburgring, un terrible accident abîme sa jambe droite, le laissant à jamais avec un boitement caractéristique des risques de la compétition.
Hailwood se retire alors de la compétition pour profiter d’une retraire bien méritée… Trente sept victoires en GP 500 (longtemps second derrière les 72 ( !) victoires d’Agostini et depuis peu dépassé par Doohan).
Pourtant Hailwood s’estime trop jeune pour la retraite et en novembre 1977, il reprend le chemin de la compétition en Australie sur une Ducati 900 SuperSport. Mike disait alors que cette moto convenait à son style de pilotage, toujours aussi propre et qui lui permettait d’utiliser son pied comme un repère. Ainsi, à la différence des pilotes d’aujourd’hui, il pouvait maintenir ses genoux parfaitement collé aux flancs de la moto. Toutefois son pied abîmé en Formule 1 étant le droit, il n’éprouve de difficultés que pour freiner de l’arrière, ce qui est finalement peu utilisé en compétition moto.
Hailwood se met alors à repenser au T.T. en ayant envie d’un nouvel essai victorieux dans cette course qu’il lui a si souvent souri par le passé. Il va en parler à Steve Wynne qui tient un magasin à Manchester appelé "Sports Motorcycles" et qui est spécialisé dans les Ducati, notamment en version course. Les deux hommes s’entendent et décident de s’allier pour un essai sur la mythique course de l’Ile de Man.
L’usine Ducati est d’accord pour leur fournir des motos un peu spéciales mais le contrat est un peu particulier. Wynne doit acheter les motos et si Mike gagne la course, l’usine italienne les lui rachètera.
Lorsque les motos arrivèrent, Pat Slinn et Steve Wynne eurent tout juste assez de temps pour les assembler et les préparer avant de les expédier vers l’Ile de Man. Hailwood choisit la sienne et le pilote habituel de Wynne, Roger Nicholls eut également la sienne.
Le public vient en masse pour assister à ce que tous prévoient comme la chute de l’ancien grand pilote. Hailwood n’est vu que comme le vieux qui vient faire un tour d’honneur avant de laisser la place à la véritable course.
Et le favori est tout naturellement Phil Read qui l’a emporté ici même en 1977 sur sa Honda et dans la catégorie reine. Les japonais ont fermement l’intention de reconduire leur titre sur les terres britanniques.
Au moment des essais, le record de la catégorie est l’œuvre de Read l’année précédente avec une moyenne de 101.74 mph sur une CB750 gonflée à près de 1000cc. Et dès ses premiers tours de roue, Hailwood balaye ce record avec tour de 102.69 mph de moyenne, faisant douter les plus incrédules qui recommencent à croire en Hailwood.
Lors du départ de la course, Read part 50 secondes devant Hailwood mais Mike est déchaîné et pousse Read dans ses derniers retranchements. A plus de 109 mph de moyenne, la Honda ne peut pas tenir et le moteur explose. Hailwood porte le record du tour à 110.27mph et une moyenne totale de course de 108.51 mph reléguant le second à deux minutes !
Et lorsque l’année suivante, Hailwood remporte le titre de champion du monde sur la 900 Ducati préparée par Wynne, l’usine ne peut rien faire d’autre que d’offrir à ses dans la Mike Hailwood Replica …